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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/286

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ment reniflait et gueulait, essayant même de s’aventurer dans l’intérieur du boyau ; mais il était trop grand et trop gros et son maître ne l’autorisait pas à le faire. Il renonça d’ailleurs de plein gré à affronter gueule à gueule les renards à partir du jour où il fut bel et bien mordu par un vieux goupil à qui Lisée avait cassé les reins d’un coup de fusil.

Il était là sur le sol, allongé, ventant et soufflant, attendant le coup de grâce quand le chien, très excité, furieux, arrivant à toute allure, lui sauta dessus.

En désespéré, le renard attrapa Miraut où il put, saisit l’oreille droite et ferma la mâchoire. Quand un renard blessé a mordu, c’est bernique pour le faire lâcher : Miraut, pincé, avait beau se secouer et hurler, l’autre serrait dur et ne bougeait mie. Lisée, très inquiet et fort ennuyé, dut, pour obtenir la délivrance de son chien, allumer une poignée d’herbe sèche et la fourrer tout enflammée dans la gueule du sauvage.

Cependant, Miraut, délivré et plus furieux que jamais, retomba sur l’adversaire, mais en ayant bien soin d’éviter la gueule. Il le saisissait par la queue, le secouait, le tirait violemment, tandis que l’autre qui, l’échine brisée, ne pouvait l’atteindre, lui bourrait des yeux farouches en grinçant des dents.