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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/288

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nions d’amis, Lisée s’embarqua-t-il de temps à autre le soir, histoire d’en « sonner un » à l’affût, comme il disait.

Dans ces expéditions crépusculaires, il n’emmenait jamais avec lui Miraut dont l’aboi intempestif eût prévenu les gardes, et il faisait au contraire tout son possible pour l’enfermer alors à la maison.

Cela n’empêcha point le chien, quelques beaux soirs où ça lui disait, de hier seul ou en compagnie de Bellone faire une petite partie. La chose n’avait pas grande importance, surtout le soir, car les représentants de le loi ne poussent habituellement pas le zèle jusqu’à veiller pendant que dorment leurs concitoyens ; mais de jour c’était plus dangereux, aussi Lisée avait-il l’œil sur son chien.

Nonobstant toutes défenses et surveillances, il fila cependant un beau matin. Il devait « savoir » un lièvre et connaître son gîte, bien sûr, car dix minutes après il donnait à pleine gorge par le vallon de la fin dessus.

Le brigadier l’entendit. C’était un vieux forestier d’une scrupuleuse honnêteté et qui ne connaissait que le service. Droit et solide encore malgré la cinquantaine, la moustache à la gauloise, les sourcils en broussaille, le père Martet avait été dans son jeune temps la terreur des