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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/290

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— Pour la première fois ! voyous, brigadier, vous savez bien que je ne braconne pas.

— La première fois… ! La première fois… ! enfin, c’est bon. Entre gens d’un même pays, on n’est pas pour se bouffer le nez ; vous allez partir me le chercher et faire bien attention une autre fois, parce qu’alors, la loi c’est la loi, ce sera malgré moi, vous savez, mais tout pis, le service avant tout ; mes chefs n’admettraient pas… et puis si je permettais à mi, il faudrait que je permette à tous ! Non !

— Je comprends bien, approuva Lisée qui mit ses souliers dare dare et s’en fut rechercher Miraut.

Il le ramena et, pour l’empêcher de filer en sourdine, lui attacha au cou, par une corde, une grosse boule de quilles à mortaise qui lui interdisait tout galop.

Miraut la traîna patiemment deux jours, puis, un matin qu’il avait résolu de s’offrir une randonnée, il rongea la corde, abandonna la boule et s’esbigna. Lisée, à temps, heureusement s’en aperçut, le vit, partit sur ses pas, le rattrapa, le ramena et cette fois, pour plus de sûreté, lui rattacha la boule au collier avec un vieux bout de chaîne.

Clopin-clopant, écartant les pattes pour traîner son boulet, un jour que son maître allait