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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/294

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Quant aux ruses déployées par les adversaires, il les connaissait, les devinait, les pressentait. Dès qu’il lui arrivait de lever un lièvre, il devait se dire pour des tas de raisons qui eussent échappé même à Lisée : toi, mon gaillard, tu es jeune, lu feras une pointe en dehors du bois et tu reviendras soit à droite, soit à gauche, j’aurai l’œil, ou encore : oh, oh ! voici une vieille connaissance ; où va-t-il faire ses doublés et crocher aujourd’hui, le citoyen ? Selon la direction prise, il savait où lu piste s’embrouillerait et de quel côté il faudrait opérer les recherches pour démêler la nouvelle.

Il connaissait la voix de tous les chiens des environs ; quand on était du côté de Velrans, il de Ravageot et du côté de Rocfontaine aux abois de la vieille Fanfare.

Il avait un accent particulier, un timbre différent de jappement, un mouvement de chanson de gueule spécial pour chaque gibier et dès son premier mol, dès sa quête même, Lisée pouvait déduire : c’est un lièvre, ou un renard, ou un blaireau, ou un écureuil, ou encore il est sur un piétement de perdrix ou de cailles.

De même, si le matin était bon, cela se voyait immédiatement à son allure, à son entrain, à sa joie, à sa façon de renifler et de chercher ; si