Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/315

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cadavres, Philomen simplement assommait les trois hôtes en les projetant violemment contre une grosse pierre. Ce n’était pourtant point sans un serrement de cœur qu’il perpétrait ce triple massacre d’innocents qu’un autre avait déjà précédé, mais les nécessités de la vie l’y obligeaient, et d’ailleurs les petits êtres, tout à fait inconscients, à peine éveillés, n’avaient le temps ni de sentir ni de souffrir. Le choc brutal les tuait net, les os fragiles du crâne étaient défoncés, les viscères broyés ; une goutte de sang venait perler au bord des narines et c’était tout.

Avec ses sabots, Philomen essuyait sur la terre les traces humides qui eussent pu le trahir et venait enfouir les chiots tués dans le trou creusé par son compère.

— Sale corvée, murmurait-il. Et la chienne en va avoir pour deux jours à suer la fièvre, car si, après le premier escamotage, elle n’avait point trop remarqué grand’chose, elle s’apercevra bien maintenant qu’il manque beaucoup de petits à l’appel et les cherchera en pleurant.

— Du moment qu’il lui en reste un, elle se consolera et ne l’en aimera que mieux, reprit Lisée. Ah ! si on ne lui en avait point laissé, ç’aurait été une autre histoire. Pendant trois jours, mon vieux, elle aurait couru comme une