Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/316

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folle, cherchant partout, dans tous les coins et recoins et jusque sous les lits en appelant plaintivement. Elle aurait gratté à tous les endroits où elle aurait remarqué que la terre a été remuée, fouillé l’écurie et la grange, sondé les trous les plus petits, les passages les plus étroits dans l’espoir de retrouver quelques-uns de ses enfants disparus. Souvent même dans ces cas-là, elles soupçonnent les chiens voisins de les avoir tués et dévorés ! J’ai vu des mères, ainsi dépouillées, flairer le nez de leurs camarades mâles et te leur flanquer des rossées terribles, probablement parce qu’elles les soupçonnaient de multiples assassinats domestiques dont ils étaient, après tout, peut-être capables, mais sûrement point coupables.

— Les lapins mâles dévorent pourtant leurs enfants !

— Ce n’est point pour la même raison, affirma Lisée. Les lapins sont toujours en chaleur, toujours en désir ; quand la femelle allaite, elle ne veut pas, comme de juste, se laisser faire ; alors pour se venger ou pour lui ôter toute raison de se refuser, ils suppriment purement et simplement la cause du refus : ce sont des espèces de satyres, pas autre chose.

Pour Bellone, dès qu’elle fut retournée à sa niche, elle témoigna, devant le seul bébé qui