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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/347

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moi qui soit à plaindre ! Une charogne qui n’entend rien, n’écoute rien, n’en fait qu’à sa tête et ne nous ramène que des misères et des calamités. Tu verras, oui, tu verras que ce ne sera pas tout ; je l’ai bien prédit quand tu me l’as amené que tu nous mettrais un jour sur la paille.

Lisée, la semaine d’après, fut cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de l’arrondissement pour répondre du délit dont son chien s’était rendu coupable.

Il ne s’attendait pas à ce que le procès-verbal fût si salé. Le garde général, jeune et bouillant fonctionnaire, désireux de se montrer, de prouver son zèle, de se faire mousser, avait décrit avec force détails plus ou moins techniques et vaguement grotesques les ébats et évolutions du chien.

« Le vendredi 13 du mois d’avril, à dix heures trente-quatre minutes du matin, au lieu dit la Corne du Fays, à environ trois cent cinquante-cinq mètres nord-nord-est de la troisième tranchée transversale, nous… accompagné de… » Suivaient les noms de tous les forestiers présents.

Et c’était précis, détaillé, circonstancié. Le chien avait fui, puis avait fait rébellion, menacé, injurié, voulu mordre ; heureusement, le sang-froid du dit garde général… etc., etc.