Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Une si bonne bête, reprenait Lisée.

Et pendant qu’ils vidaient une vieille bouteille en mangeant un morceau, le chasseur, dans une sorte d’enthousiasme sombre et désespéré, entamait l’éloge de son chien.

— Pour lancer, monsieur, il n’y en a point comme lui ; dès qu’il est sur le fret, il s’agit de faire bien attention, d’ouvrir l’œil et de se placer vivement. Il n’est pas bavard : une fois qu’il a averti par deux ou trois coups de gueule on peut être sûr que, moins de cinq minutes après, il aura levé. Et pour suivre, pour suivre, ah ! ce n’est pas lui qui perdra son temps à des doublés et à des crochets, ah ! mais non ! Les lièvres ne la lui font pas à Miraut ! Et quel que soit le jour, il lancera ! Et il faudra que votre oreillard soit bien malin, allez, pour qu’il ne vous le ramène pas.

Et Lisée continuait :

— À la maison, il vaut mieux qu’un chien de garde ; il sait reconnaître les amis, il ne fait pas de mal aux gosses et si un rouleur voulait jamais s’introduire, qu’est-ce qu’il prendrait ? Il le boufferait, monsieur, tel que je vous le dis.

Ah ! penser que nous étions si bien habitués l’un à l’autre et qu’il faut que nous nous quittions ; j’avais pourtant juré qu’on ne se séparerait jamais.