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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/37

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repaieront plus que je n’ai donné pour les trois et j’aurai la mère de bénéfice. Mais tu as racheté un fusil aussi, que je vois.

— J’ai racheté le « Faucheux[1] » du père Denis, il ne peut plus chasser, lui ; c’est la vue qui baisse et les jambes qui ne vont pas ; mais son flingot est presque neuf : les canons sont solides, les batteries (écoute) sonnent comme des clochettes d’argent et il est choqué du coup gauche, ça fait qu’on peut tirer de loin.

— Tu l’as payé cher ?

— Trente francs ! c’est pour rien. Quand je songe que j’ai vendu le mien trente-cinq, plus une tournée à Jacquot de sur la Côte qui braconne de temps en temps autour de sa ferme… sûrement il ne valait pas çui-là.

» Tu vois bien que ma femme n’avait pas de raisons pour gueuler comme une poule qui a les pattes dans de l’eau chaude.

— Ah ! les femmes !

— À la tienne ! mon vieux !

— À la tienne !

— Miraut, petit salaud, quand tu auras fini de resiller mes savates !

— Ah ! il n’a pas fini de t’en bouffer des chaussettes et des croquenots et des tire-jus, tu veux encore entendre plus d’une chanson de ce côté-là.

  1. Lefaucheux.