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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/378

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tions nouvelles sont habituellement un tout puissant dérivatif à leur chagrin. Mais Miraut différait un peu de ses congénères. Morue, flairant à peine par politesse, il fit pas à pas la revue de l’appartement et revint à la cuisine où M. Pitancel, devant sa femme qui le caressa un peu peureusement, voulut lui faire manger sa soupe.

Il l’amena devant une jatte appétissante, fleurant bon la graisse et le lait. Mais Miraut ne pensait guère à manger : il trempa le bout du nez dans le bouillon, renifla un coup, se relira d’un air dégoûté, s’essuya d’un coup de langue et regarda la porte.

— Pas de ça, mon vieux, protesta M. Pitancet. Tu voudrais filer ; tu as le mal du pays, je comprends ; mais ça passera. Allons, viens ici ; quand tu auras faim, lu mangeras : il ne faut forcer personne.

C’était l’heure du repas. Les époux se mirent à table, uniquement préoccupés du chien qu’ils trouvaient tous deux fort à leur goût, très gentil, bien élevé et qu’ils souhaitèrent voir très vite s’accoutumer à eux et à la maison. En vain, essayèrent-ils de le décider à avaler quelques morceaux de pain. Miraut les laissait tomber sans y toucher ; devant les bouts de viande, son intransigeance fléchit un peu tout de même, il les avala en les mâchant.