Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M. Pitancet le complimenta et le ramena devant sa soupe ; mais décidément le chagrin était trop profond, l’estomac trop contracté et Miraut, se refusant à manger, vint s’étendre sur le coussin qui lui avait été préparé, simulant le sommeil. Toutefois, il ne pouvait entendre s’ouvrir et se fermer la porte de la rue sans relever vivement la tête et écouter avec attention.

— Petite canaille, menaça doucement et en souriant son nouveau maître ! tu cherches à filer à l’anglaise ; mais, sois tranquille, j’aurai l’œil et le bon !

Pour qu’il ne se sentit point trop isolé et perdu, pour l’habituer à leur présence, pour qu’il les connût et s’attachât plus vile à eux, les maîtres laissèrent dormir Miraut sur son coussin dans la salle à manger laissant ouvertes les portes qui communiquaient avec leurs chambres respectives.

En le quittant ils le caressèrent encore et le chien, se laissant faire, les regardait de son air triste et très doux qui semblait leur dire : Je vois bien que vous êtes de braves gens et que la juponneuse d’ici vaut mieux que la Guélotte, mais laissez-moi partir tout de même.

Ils n’eurent garde, comme on pense, d’acquiescer à son désir.

Le lendemain, debout avant tout le monde,