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— Empoisonner Miraut ! Lisée n’aurait ni trêve, ni repos avant d’avoir découvert l’assassin. C’était courir un trop gros risque, se vouer à une existence plus infernale encore, car alors nulle journée ne se passerait sans insultes, ni gifles, ni coups de pied quelque part.

Et puis, on a beau ne pas aimer les bêtes, ce n’est pas drôle tout de même, pensait la Guélotte, de les voir devant vous se tordre et se retordre, ne hurler que lorsque la douleur leur tord les boyaux et vous bourrer des yeux, des yeux, à vous tourner les sangs et à vous décrocher les foies.

Ah ! le vieux Finaud !

Il était rentré, plein comme un boudin, après une tournée apparemment fructueuse dans le village. Même que ça ne sentait pas la rose quand il se lâchait et on l’avait fourré tout de suite à l’écurie où il passerait en paix sa nuit de digestion.

— Il s’est nourri, disait en riant Lisée ; sûrement qu’il aura dû bouffer quelque mondure de vache[1] ou quelque ventraille de mouton.

Mais le lendemain, quand le chasseur s’en était allé à l’écurie pour délier les bêtes et les conduire à l’abreuvoir, ç’avait été une autre histoire. Le chien qui souffrait déjà, mais se

  1. Mondure : délivrance.