Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/46

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taisait stoïquement, avait voulu aller à lui et, comme d’habitude, lui dire bonjour en se dressant contre ses genoux pour le lécher et jappoter. Il avait à peine pu se lever sur ses pattes de devant, le train de derrière paralysé refusait déjà tout service, les jambes étaient raides.

Alors la bête étonnée, furieuse et désespérée, avait hurlé un long coup de souffrance et de rage.

Et Lisée, affolé, abandonnant les vaches, avait pris son chien dans ses bras, l’avait transporté dans la chambre du poêle et déposé sur un coussin, auprès du feu. Là, il l’avait examiné, lui avait ouvert la gueule, soulevé la paupière, regardé l’œil qui était encore assez clair. Il l’avait vu tout de suite :

— Cré nom de Dieu ! Mon chien est empoisonné ! Va vite traire les vaches que je lui fasse prendre du lait !

Finaud avait difficilement avalé le lait, contrepoison trop peu énergique, puis il était retombé dans son abattement douloureux ; son poil se hérissait, ses yeux s’injectaient de sang, se troublaient, il haletait de fièvre et tremblait de froid.

— Qu’est-ce qu’il a bien pu manger, bon Dieu de bon Dieu, rageait Lisée : si je le savais seulement !