Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/52

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— Que n’est-i content ce petit ciencien de sortir avec son papa Lisée ?

— Rrraou, répondait Miraut en lui léchant le nez.

— Qu’on va-t’i serser des yèvres ?

— Bou ! bou ! reprenait le petit chien.

— Grand idiot ! ricanait la femme tandis qu’ils gagnaient la porte tous deux, l’un gambadant, la gorge pleine d’abois joyeux, l’autre riant silencieusement dans sa barbe de bouc.

Miraut avait compris le sens général des paroles de Lisée. Il savait qu’on allait sortir et courir et jouer ; la direction de la porte prise par son maître lui confirmait d’ailleurs cette merveilleuse promesse. Il est deux séries de mots que les jeunes chiens saisissent extrêmement vite : ceux qui servent à les appeler à la pâtée, ceux qui les invitent à prendre leurs ébats au dehors. Ces mots correspondent à la satisfaction des deux grands besoins primordiaux des jeunes bêtes domestiquées : la nourriture et le mouvement. Tous leurs instincts sont donc perpétuellement tendus vers l’accomplissement des actes qui sont liés à ces deux fonctions. Plus tard, avec d’autres besoins, naissent d’autres aptitudes et Miraut, en particulier, arriva à ouvrir toutes les portes non verrouillées, mais il se refusa obstinément à apprendre à les fermer. D’ailleurs,