Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/28

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juron terrible dont il souligna son départ ne laissa qu’une très vague espérance au cœur de Renard. Lisée n’avait fait qu’essayer le piège, et, maintenant, tous les jours, à l’aube, il revenait sentant proche le dénoûment.

Pendant ce temps, la fièvre tenaillait Goupil de plus en plus. Tantôt il restait allongé de longues minutes, haletant désespérément, tantôt il se relevait et tournait en rond autour de sa prison pour y chercher une issue qu’il espérait toujours sans jamais trouver.

Une lune échancrée, une lune de dernier quartier gravissait l’horizon, une lune rouge. N’était-ce pas un quartier de viande saignante qu’une puissance cruelle promenait dans le ciel sur un plateau de nuages ! Fixe, Renard tendait vers elle un cou amaigri, un museau hâve, des yeux immenses. Comme au premier soir de sa captivité, le cor du vent, d’un souffle puissant, retentissait dans les corridors de verdure, et Renard croyait entendre le flux et le reflux des abois d’une meute immense qui se rapprochait peu à peu ; ou bien le bourdonnement de son