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la guerre des boutons


le monde se mêla, tandis que Tintin fourrait pêle-mêle et entassait dans sa poche les divers articles qu’il venait de déballer.

La chose se fit si naturellement et d’une façon si prompte que l’autre n’y vit que du feu et, s’il remarqua quelque chose, ce fut l’épanouissement général de toutes ces frimousses qu’il avait vues l’avant-veille si sombres et si fermées.

– C’est étonnant, pensa-t-il, combien le temps, le soleil, l’orage, la pluie ont d’influence sur l’âme des enfants ! Quand il va tonner ou pleuvoir on ne peut pas les tenir, il faut qu’ils bavardent et se chamaillent et se remuent ; quand une série de beau temps s’annonce, ils sont naturellement travailleurs et dociles et gais comme des pinsons.

Brave homme qui ne soupçonnait guère les causes occultes et profondes de la joie de ses élèves et, le cerveau farci de pédagogies fumeuses, cherchait midi à quatorze heures.

Comme si les enfants, vite au courant des hypocrisies sociales, se livraient jamais en présence de ceux qui ont sur eux une parcelle d’autorité ! Leur monde est à part, ils ne sont eux-mêmes, vraiment eux-mêmes qu’entre eux et loin des regards inquisiteurs ou indiscrets. Et le soleil comme la lune n’exerçaient sur eux qu’une influence en l’occurrence bien secondaire.

Les Longevernes commencèrent à se poursuivre,