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NÊNE.

ferait peut-être une de gagnée, une que l’on baptiserait en grande pompe, un dimanche du mois de Marie. Quant à s’être un peu querellé le jour d’une batterie pour la gloire de l’Église et quant à avoir, en cette occasion, souhaité malaise à un des médisants, c’était le fait d’un homme violent certes, mais dont la foi était belle et exemplaire.

Boiseriot sortit du confessionnal tout à fait en règle et, joyeux comme un communiant, il s’en retourna aux Moulinettes.

Justement, ce jour-là, Madeleine était allée, elle aussi, à St-Ambroise. Elle en avait rapporté pour Lalie et pour Jo deux oranges et une livre de miche. En entrant, Boiseriot vit, sur la table, le panier encore ouvert ; et il eut la hardiesse de serrer Madeleine dans un coin du corridor :

— Bête ! garde au moins tes sous ! Quand tu auras payé à ses drôles un boisseau de pommes d’orange et un plein bissac de fouace, penses-tu qu’il fera de toi la vraie patronne aux yeux des gens ?… Écoute-moi, si tu voulais…

Il ne put aller plus loin, car elle le poussa dehors.

Mais il revint à la charge les jours suivants. Il trouvait moyen de l’accointer dans la grange, dans le quéreux, même dans la maison ; et, plus d’une fois, elle se réjouit d’être assez forte pour ne rien craindre d’un pauvre gars comme lui.

Un dimanche de janvier, il la rejoignit sur la route de St-Ambroise et il se mit à marcher à côté d’elle. La route était droite et l’on voyait beaucoup de gens qui s’en allaient à la messe ou au chapelet.