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NÊNE.

— Qu’il le fasse donc, lui… il verra si c’est facile !

Ou bien :

— Tu n’en as pas encore assez ? moi, je n’ai jamais supporté de reproches à cause de mon travail… Vous n’êtes pas content ? Bonsoir ! À ta place, c’est moi qui filerais, une fois mon temps fait !  !

Gédéon avait entendu bien d’autres gronderies sans garder rancune au patron ; mais, sentant le fouet, il jurait comme un pendu :

— Bien sûr, Bon Diou ! que je filerai… Et le diable m’emporte si je regrette jamais la maison !

L’autre hochait la tête.

— C’est tout de même vrai, dame, mon pauvre gars, qu’il t’en a fait voir !

Quand il eut bien décidé Gédéon à partir, il parla de Madeleine.

— Voici le Carême qui vient où les bêtes seront mieux nourries que nous. Change de cuisinière, va ! Celle d’ici mange le lard et nous laisse les choux.

Il faisait rire le jeune homme en parlant de cette grosse fille. Sans doute elle avait la poitrine si lourde qu’elle avait étouffé tous ses galants…

— Tous… non ! je dis mal… Il lui en reste encore…

— Qui donc ? faisait le gars en se retournant sur son outil.

— Ça… tu es trop jeune pour le savoir.

Il ajoutait entre ses dents, la mine scandalisée :

— C’est honteux !… il se passe des choses !…

Cependant Gédéon ne s’emballait pas si vite contre Madeleine ; et il y avait à cela plus d’une raison.