Quand Boiseriot osa enfin lâcher devant lui les dernières paroles, il eut une révolte.
— Non ! ce n’est pas vrai ! Vous voulez rire !
— On ne me l’a pas dit… Je l’ai vu : tu entends bien !
Il fallut plusieurs jours au mauvais pour le convaincre.
Enfin, une après-midi vint, tout de même, où Boiseriot crut le gars fin prêt pour la besogne.
Ils avaient eu, ce jour-là, long travail et, à cause d’un jeûne, bien maigre soupe. Par-dessus le marché Michel avait tempêté contre Gédéon pendant le repas. Quand les deux valets furent revenus à leur chantier, devant une haie d’épines qu’il s’agissait d’abattre, le jeune, pour se soulager, prit à musiquer plus fort qu’à l’habitude.
Boiseriot le laissa aller et puis il parla à son tour. Rappelant toutes les choses, les gronderies du patron, la longueur du Carême, la mauvaise conduite des gens de la maison, il finit par rire :
— Écoute… ça vaut un charivari.
— Un charivari ? J’en suis, Bon Diou ! si vous en êtes !
Il avait dit cela, le jeune gars par bravade ; mais l’autre reprit tout de suite.
— Moi, non, ce n’est pas de mon âge.
Du coup, Gédéon, qui n’avait point l’esprit trop lent, se méfia.
Boiseriot continuait à voix basse et sans lever la tête.
— Moi, d’abord, je reste ici ; toi, tu t’en vas dans