une dizaine de jours… Tu n’as qu’à dire ce qui se passe aux autres de ton âge ; ils viendront tous avec toi. C’est une belle occasion de s’amuser maintenant que voilà finie votre saison de veillées. Quand j’avais dix-huit ans, j’ai été d’un grand charivari. C’était à Chantepie, à la porte d’un cordonnier qui avait fait le coucou. À dix ou douze que nous étions, nous faisions, tous les soirs, autour de sa maison, un tapage du diable avec des chaudrons, des seaux, des casseroles percées… Si bien qu’il a été obligé de s’en aller du pays. Je n’ai jamais tant ri de ma vie… Tout le monde était pour nous. Et ce serait de même ici. Des choses pareilles, on ne doit pas les souffrir… et c’est à la jeunesse de les empêcher.
Gédéon secouait la tête.
— Non… non… ça ne me regarde pas. Et puis, il y a la famille…
— Quelle famille ? Celle des Clarandeau ? Elle est propre ! Tu ne sais donc rien ! La plus jeune des filles qui était à la batterie, l’année dernière… tu n’en as pas entendu parler ?… Elle fait encore pis que celle d’ici, toute gamine qu’elle est…
Gédéon qui tapait avec sa serpe sur un aubépin s’arrêta sec :
— Ça, c’est une menterie !
Mais l’autre qui poussait au bout, pressé d’en finir, ne remarqua ni le geste ni le ton de colère.
— Une menterie ! Demande-le aux gars de Saint-Ambroise qui l’ont suivie, il y a eu huit jours dimanche, dans le bois de Beaufrêne…