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Page:Perochon - Nene.djvu/198

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NÊNE.

Ce médecin était un jeune à l’air glorieux. Il fit un pansement mais, à l’idée de Madeleine, il s’y prit mal, allant trop vite et trop rudement. Quand il eut fini, il se frotta les mains comme s’il eût été très content.

— Ce ne sera rien… C’est très douloureux, mais il ne faut pas s’effrayer pour si peu. Vous entendez, madame ! Vous êtes là à trembler, à vous énerver… il ne faut pas ! Regardez-moi donc : cela ne me fait rien à moi !… les cris ne me font rien !… On se maîtrise, que diable !

Derrière Madeleine qui avait repris sa place au chevet de l’enfant, il bavardait, laissant entendre qu’il revenait de loin et que son savoir était grand. Michel, les oreilles pleines de cette plainte qui n’en finissait pas, faisait effort pour écouter avec politesse ; il hochait la tête comme pour approuver bien qu’il n’entendît que des bouts de phrases auxquels il ne comprenait goutte.

— À Paris… là-bas… à l’hôpital… vous ne vous imaginez pas !… Dans mon service… À Paris, j’en ai entendu… Je me souviens d’une femme… toute brûlée, des cloques comme des vessies… C’était à Saint-Louis… et, notez bien, de l’asphyxie… Un confrère proposait l’acide picrique… J’ai dit : non !… Je l’ai sauvée… À Paris dans les hôpitaux… des cas intéressants chez les grands brûlés !

Madeleine se retourna, hérissée, et elle lui cria dans la figure :

— Les grands brûlés ! les grands brûlés ! gué-