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NÊNE.

sous les arbres. Quand ils furent sur la route, ils s’embrassèrent. Puis elle dit :

— Va !

Et, lentement, il s’en alla.

Il était près de minuit quand Madeleine fut de retour aux Moulinettes. La porte était entrebâillée, telle qu’elle l’avait laissée, car Michel avait passé par les derrières comme il faisait toujours. Elle entra sur la pointe des pieds, et puis, vite, vite, sans prendre haleine, elle se dévêtit et se jeta au lit.

Les deux enfants avaient glissé dans la ruelle ; elle les sépara, se coucha entre eux et, passant ses bras sous les deux petits corps, elle s’immobilisa, les yeux ouverts, crucifiée.

Sa tête bourdonnait ; aucune pensée, aucun souvenir ; plus rien que le vertige des pauvres bêtes qu’on assomme.

Un poids énorme était sur sa poitrine ; elle étouffait. Elle dégagea ses bras et se mit sur son séant ; les petits remuèrent ; avec d’infinies précautions elle les ramena vers elle, les coucha en travers sur ses jambes.

À l’horloge, la première heure sonna. Madeleine sentit sur son front comme un vent froid ; ses cheveux se dressèrent. Elle ne pouvait pas pleurer ; elle ne pouvait pas prendre haleine, non plus. Sa tête se renversait, sa bouche s’ouvrait, exhalant une plainte rauque.