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Page:Perochon - Nene.djvu/255

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NÊNE.

Dans la chambre aux hommes, Michel venait de se réveiller, il prêta l’oreille.

— Han !.. han !.. han !..

Il appela :

— Madeleine !.. Madeleine !.. Êtes-vous malade ?

Aucune réponse ne vint. Il écouta encore un petit moment puis, n’entendant plus rien, il se rendormit. Elle avait jeté le buste en avant et saisi la couverture à pleine bouche…

Mais les enfants, mal à l’aise, ne tardèrent pas à s’agiter ; elle dut se redresser.

— Han !… han !… mes petits !

Elle les tirait toujours plus près, elle les rassemblait sur elle, ramenant leurs bras, pliant leurs jambes. Ses mains ne s’arrêtaient pas ; elles glissaient, lentes, pour une caresse interminable.

La nuit coulait ; les vitres devenaient blêmes ; un coq, au fond du courtil, chanta le jour d’une voix cruelle.

— Han !… mes petits !… adieu, mes petits !

Un tremblement si fort la prit qu’elle craignit de les réveiller. Une minute elle réussit à se maîtriser ; elle les enveloppa plus étroitement, ses genoux remontèrent, son cou ploya, ses grandes paumes pesèrent et couvrirent tout ce qu’elles purent.

— Adieu !… Hââ ! hââ !…

Elle avait replacé sur le traversin la tête des enfants. Elle sortit ses jambes, se traîna sur la couverture et puis, enfin, elle se trouva debout.

Elle alluma une bougie, revint s’habiller devant le lit. Un frémissement horriblement douloureux