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NÊNE.

courait dans toute sa chair froide ; ses dents claquaient. Ses mains travaillaient, nouaient le jupon, boutonnaient le corsage ; mais ses yeux, larges et fixes, ne bougeaient pas : c’était son regard maintenant qui touchait les deux têtes brunes, qui s’étendait, qui caressait, qui appuyait.

Brusquement elle souffla la bougie ; elle fit trois pas pour s’en aller et puis elle revint, retomba sur le lit les bras ouverts.

— Han !… han !…

Elle les touchait encore, elle posait ses lèvres au hasard sur la peau tiède.

Raidie, elle se ramena en arrière. Mais le petit, à demi réveillé, lui avait jeté ses bras autour du cou et il tenait une mèche de cheveux. Alors Madeleine serra contre sa joue la menotte fermée et, d’une secousse, elle arracha les cheveux.

Puis, courant à la porte, elle se sauva, son tablier enfoncé dans sa bouche.

C’était au matin ; elles étaient deux dans une chaumière basse, deux femmes pauvres qui besognaient tristement.

L’une préparait la soupe. L’autre, qui était sa fille, pliait et empaquetait des hardes de travail. Quand elle eut fini, elle dit :

— Maintenant, au revoir, mère !