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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Au bout d’un examen qui ne dura pas une minute, ma grand’mère m’interpella :

« Maurice ! regarde-moi en face. »

Je n’en pus jamais venir à bout.

« C’est toi qui as sucré ce plat, et aussi l’omelette de la semaine dernière, n’est-ce pas ? »

Je ne répondis rien.

« Allons, avoue. C’est bien inutile de nier, va, ta figure parle pour toi. »

Silence obstiné de ma part.

« Ah ! c’est ainsi, s’écria-t-elle, eh bien, mon garçon, voilà ton déjeuner. »

En disant cela, elle avait coupé un gros morceau de pain qu’elle me tendit.

Je sortis de table, et je m’en allai au jardin, où, tout en arrosant mon pain de mes larmes, je pensai que j’étais bien malheureux.

Il est très grand, le jardin. Le parterre entoure la maison et, derrière se trouve un immense potager qui s’étend jusqu’à un grand mur le séparant de la basse-cour. C’est par là que je me dirigeai.

Cette basse-cour avait le don d’éveiller ma curiosité. Peut-être était-ce tout simplement parce qu’on m’en interdi-