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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

non, sa préoccupation l’empêcha de lever la tête. Elle avait déposé ses lunettes sur la cheminée. C’est étonnant comme son visage me parut beau ainsi, malgré ses rides, et comme ses yeux bleus me rappelèrent ceux de ma chère petite maman.

Munie de ciseaux et d’un écheveau de laine blanche, elle regagna sa place.

À quelle opération se livrait-elle ?… Il me fut impossible de m’en rendre compte. Une voix soupirait… la sienne ou celle de la fée, je n’en sais rien.

Un moment après, tout retomba dans le silence, et je me glissai dans mon lit, vivement ému de ma découverte.

Le lendemain, en rentrant de la messe, ma grand’mère avait dans sa bourse une grosse somme d’argent. Un présent de sa fée sans doute. Je pensai qu’il devait être bien agréable d’en avoir une à son service… Ah ! si je pouvais donc lui emprunter ses lunettes, me disais-je. Combien j’aurais de choses à leur demander !

D’abord du chocolat tous les matins, puis des habits de velours bleu, pareils à ceux que je portais autrefois ; ensuite de savoir lire et écrire sans avoir la peine d’apprendre, et enfin des jouets de toute sorte : toupies, cheval