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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

équipée dont, au fond du cœur et à la réflexion, j’étais loin d’être fier ?

Mais personne dans la maison ne parut soupçonner quoi que ce soit.

La fée, je dois lui rendre cette justice, fut très discrète, car ma grand’mère me parla aussi doucement que les jours où j’étais sage.

Cette aventure eut pour résultat inattendu d’apaiser un peu mon ressentiment. Nous nous disions, mon petit orgueil et moi, qu’avoir voulu venger l’offense c’était presque l’avoir effacée.

Seulement il me revenait de cette nuit des impressions, des souvenirs qui m’avaient laissé l’esprit fort inquiet… La voix qui m’avait parlé m’avait semblé avoir une vague ressemblance avec la voix de…

Enfin, un soir, toutes mes réflexions se traduisirent ainsi :

« Où donc couches-tu, Gertrude ? »

Elle se mit à rire.

« Vous savez bien que ma chambre est au grenier.

— Oui, mais j’ai regardé le lit ce matin, il n’y avait point de draps dessus. »

Elle continua de rire sans vouloir me répondre. Seulement, à quelque temps de là, un jour que la table était au