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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

« Tu m’aimais donc, grand’mère ? lui demandai-je très ému.

— Oui, Maurice, oui, mon enfant, je t’aime comme t’aimait ta mère, comme je l’aimais, hélas ! mais j’ai dû me retenir de te le montrer, pauvre petit, car on t’avait gâté, et il s’agissait de t’aimer comme on doit aimer un enfant qu’on veut corriger, qu’il faut redresser, et dont on a la ferme volonté de faire un homme de valeur. »

M. le curé entrait. M. Salmont sortit avec moi et Gertrude, puis, au bout d’un moment, tout le monde revint pour la dernière cérémonie.

Grand’mère me fit un signe. Je m’approchai de son lit et tombai à genoux. Elle eut encore la force de poser sa main sur ma tête. J’entendis mon nom, celui de ma mère, celui de Dieu, puis un soupir… Ce fut tout.

Je baisai cette main qui venait de me bénir, et je pleurai amèrement…

Je n’avais certes pas toujours été bon pour ma grand’mère… Je me le reprocherai toute ma vie.

Je pars demain. M. Salmont me conduira.


1er septembre 18..


Me revoilà. J’ai passé ma thèse. Rien que des boules