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L’AGITATION MOLÉCULAIRE

là qu’un des modèles possibles, et tout ce que suggère l’absence de rotation, c’est que deux atomes qui s’approchent l’un de l’autre se repoussent suivant une force centrale, c’est-à-dire dirigée vers le centre de gravité de chaque atome et ne pouvant donc faire tourner cet atome. De même (avec cette différence qu’il s’agit là de forces attractives) une comète qui se trouve fortement déviée par son passage près du soleil ne communique à ce dernier aucune rotation.

En d’autres termes, au moment où deux atomes lancés l’un vers l’autre subissent le brusque changement de vitesse qui définit le choc, ces deux atomes agiraient l’un sur l’autre comme pourraient faire deux centres ponctuels répulsifs de dimensions infiniment petites par rapport à leur distance.

En fait, nous serons plus tard conduits (94) à penser que la matière d’un atome pourrait bien être enfermée dans une sphère de diamètre extrêmement petit, repoussant avec une violence extrême tout atome qui s’en rapproche au delà d’une certaine limite, en sorte que la distance minimum des centres de deux atomes qui s’affrontent avec des vitesses de l’ordre du kilomètre par seconde reste bien supérieure au diamètre réel de ces atomes. Ainsi la portée des canons d’un navire dépasse énormément l’enceinte de ce navire. Cette distance minimum est le rayon d’une sphère de protection concentrique à l’atome et beaucoup plus vaste que lui. Nous verrons qu’un phénomène tout nouveau se produit quand on réussit à accroître beaucoup la vitesse qui précède le choc, et

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