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ROTATIONS OU VIBRATIONS DES MOLÉCULES

qu’alors les atomes percent les sphères de protection au lieu de rebondir sur elles.

41. — Une grave difficulté. — Même si la matière de l’atome est rassemblée dans une sphère très petite relativement à la distance où se produit le choc, il semble toujours impossible d’admettre que la symétrie puisse être et rester telle que, au moment du choc, les forces soient rigoureusement centrales. Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire après un examen superficiel, nous ne sommes pas ici dans un cas où il suffise d’une très haute approximation, et c’est là une discontinuité bien intéressante. Pour si peu que les atomes s’écartent de la symétrie exigée, ils finiront par prendre une énergie de rotation égale à leur énergie de translation. Et l’on comprend bien en effet que, s’ils sont plus difficiles à mettre en rotation par choc, il est aussi plus difficile qu’un choc modifie la rotation déjà acquise, en sorte que seule changera la durée de mise en équilibre statistique des deux énergies, mais non leur rapport, une fois cet équilibre réalisé. Boltzmann qui a insisté sur ce point s’était au reste demandé si cette durée ne pouvait être grande par rapport à celle de nos mesures.

Mais cela n’est guère admissible, car, très brèves (durée d’une explosion) ou prolongées, ces mesures donnent toujours les mêmes valeurs pour la chaleur spécifique de l’argon, par exemple. Il y a là une difficulté fondamentale. Nous pourrons la lever, mais seulement en imaginant une propriété nouvelle et bien étrange de la matière.

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