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L'AGITATION MOLÉCULAIRE

Ces valeurs de la chaleur spécifique, toujours inférieures à ce qu’exigerait l’hypothèse si naturelle d’une oscillation intérieure à énergie continûment variable, s’expliquent si certaines molécules, en nombre progressivement croissant, se trouvent modifiées de façon discontinue quand la température s’élève.

Comme on les rencontre toujours quand les molécules deviennent proches de leur dissociation en atomes (iode, brome, chlore, puis oxygène, azote et hydrogène) il est raisonnable de penser que ces discontinuités s’accompagnent de relâchements brusques des valences qui lient les atomes, chaque diminution de solidité absorbant un quantum défini d’énergie. Ainsi, quand on remonte une horloge, on sent, au doigt, que l’énergie emmagasinée dans le ressort grandit par quanta indivisibles.

Il demeure au reste probable que l’énergie de chaque quantum est emmagasinée dans la molécule sous forme d’énergie oscillatoire, mais il faut admettre, à l’encontre de ce que nous suggèrent les systèmes vibrants qui sont à notre échelle, que l’énergie d’oscillation intérieure d’une molécule ne peut varier que par bonds discontinus. Si étrange que semble au premier abord ce genre de discontinuité, on est actuellement disposé à l’admettre avec Einstein, par extension d’une hypothèse géniale qui a permis à Planck d’expliquer la composition du rayonnement isotherme, comme nous le verrons bientôt (89).

Suivant cette hypothèse, pour chaque oscillateur, l’énergie varie par quanta égaux. Chacun de

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