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MOUVEMENT BROWNIEN. ÉMULSIONS

ticalement s’il est sphérique, et nous savons bien qu’une fois arrivé au fond du vase, il y reste, et ne s’avise pas de remonter tout seul.

Ce sont là des notions bien familières, et pourtant elles ne sont bonnes que pour les dimensions auxquelles nos organes sont accoutumés. Il suffit en effet d’examiner au microscope de petites particules placées dans de l’eau pour voir que chacune d’elles, au lieu de tomber régulièrement, est animée d’un mouvement très vif et parfaitement désordonné. Elle va et vient en tournoyant, monte, descend, remonte encore, sans tendre aucunement vers le repos. C’est le mouvement brownien, ainsi nommé en souvenir du botaniste anglais Brown, qui le découvrit en 1827, aussitôt après la mise en usage des premiers objectifs achromatiques[1].

Cette découverte si remarquable attira peu l’attention. Les physiciens qui entendaient parler de cette agitation la comparaient, je pense, au mouvement des poussières qu’on voit à l’œil nu se déplacer dans un rayon de soleil, sous l’action des courants d’air qui résultent de petites inégalités dans la pression ou la température. Mais, en ce cas, des particules voisines se meuvent à peu près dans le même sens et dessinent grossièrement la forme de ces courants d’air. Or il est impossible d’observer quelque temps le mouvement brownien sans s’apercevoir qu’au contraire

  1. Buffon et Spallanzani ont eu connaissance du phénomène, mais, faute peut-être de bons microscopes, n’ont pas compris sa nature, et ont vu dans les « particules dansantes » des animalcules rudimentaires (Ramsay, Société des naturalistes de Bristol, 1881).
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