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HISTORIQUE ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX

il y a indépendance complète des mouvements de deux particules, même quand elles s’approchent à une distance inférieure à leur diamètre (Brown, Wiener, Gouy).

L’agitation ne peut donc être due à des trépidations de la plaque qui porte la gouttelette observée, car ces trépidations, quand on en produit exprès, produisent précisément des courants d’ensemble, que l’on reconnaît sans hésitation et que l’on voit simplement se superposer à l’agitation irrégulière des grains. D’ailleurs, le mouvement brownien se produit sur un bâti bien fixe, la nuit, à la campagne, aussi nettement que le jour, à la ville, sur une table sans cesse ébranlée par le passage de lourds véhicules (Gouy). De même, il ne sert à rien de se donner beaucoup de peine pour assurer l’uniformité de température de la gouttelette : tout ce qu’on gagne est encore seulement de supprimer des courants de convection d’ensemble parfaitement reconnaissables, et sans aucun rapport avec l’agitation irrégulière observée (Wiener, Gouy). On ne gagne rien non plus en diminuant extrêmement l’intensité de la lumière éclairante, ou en changeant sa couleur (Gouy).

Bien entendu, le phénomène n’est pas particulier à l’eau, mais se retrouve dans tous les fluides, d’autant plus actif que ces fluides sont moins visqueux[1]. Aussi est-il à peine perceptible dans

  1. En particulier, l’addition d’impuretés (telles que acides, bases ou sels) n’a aucune influence sur le phénomène (Gouy, Svedberg). Si, après un examen superficiel, on a souvent affirmé le contraire, c’est que ces impuretés font adhérer au verre les petites particules