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HISTORIQUE ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX

Enfin, précisément, — et ceci est peut-être le caractère le plus étrange et le plus véritablement nouveau — le mouvement brownien ne s’arrête jamais. À l’intérieur d’une cellule close (de manière à éviter l’évaporation), on peut l’observer pendant des jours, des mois, des années. Il se manifeste dans des inclusions liquides enfermées dans le quartz depuis des milliers d’années. Il est éternel et spontané.

Tous ces caractères forcent à conclure avec Wiener (1863) que « l’agitation n’a pas son origine dans les particules, ni dans une cause extérieure au liquide, mais doit être attribuée à des mouvements internes, caractéristiques de l’état fluide », mouvement que les grains suivent d’autant plus fidèlement qu’ils sont plus petits. Nous atteignons par là une propriété essentielle de ce qu’on appelle un fluide en équilibre : ce repos apparent n’est qu’une illusion due à l’imperfection de nos sens, et correspond, en réalité, à un certain régime permanent de violente agitation désordonnée.

C’est là précisément la conception que nous avaient suggérée les hypothèses moléculaires, et le mouvement brownien semble bien leur donner la confirmation que nous espérions tout à l’heure. Tout granule situé dans un fluide, sans cesse heurté par les molécules voisines, en reçoit des impulsions qui, en général, ne s’équilibrent pas exactement, et doit être irrégulièrement ballotté.

51. — Le mouvement brownien et le principe de Car-