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MOUVEMENT BROWNIEN. ÉMULSIONS

not. — Voici donc une agitation qui se produit indéfiniment sans cause extérieure. Il est clair que cette agitation n’est pas en contradiction avec le principe de la conservation de l’énergie. Il suffit que tout accroissement de vitesse d’un grain s’accompagne d’un refroidissement du fluide en son voisinage immédiat, et de même que toute diminution de vitesse s’accompagne d’un échauffement local. Nous apercevons simplement que l’équilibre thermique n’est, lui aussi, qu’un équilibre statistique.

Mais on doit observer (Gouy, 1888), que le mouvement brownien, réalité indiscutable, donne la certitude expérimentale aux conclusions (tirées de l’hypothèse de l’agitation moléculaire) par lesquelles Maxwell, Gibbs, et Boltzmann, retirant au Principe de Carnot le rang de vérité absolue, l’ont réduit à exprimer seulement une haute probabilité.

On sait que ce principe consiste à affirmer que, dans un milieu en équilibre thermique, il ne peut exister de dispositif permettant de transformer en travail l’énergie calorifique du milieu. Une telle machine permettrait, par exemple, de mouvoir un vaisseau en refroidissant l’eau de la mer, et en raison de l’immensité des réserves, aurait pratiquement pour nous les mêmes avantages qu’une machine permettant « le mouvement perpétuel », c’est-à-dire nous livrant du travail sans rien prendre en échange, sans répercussion extérieure. Mais c’est précisément ce mouvement perpétuel de seconde espèce qu’on déclare impossible.

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