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Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/148

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HISTORIQUE ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX

Or il suffit de suivre des yeux, dans de l’eau en équilibre thermique, une particule plus dense que l’eau pour la voir à certains instants s’élever spontanément, transformant ainsi en travail une partie de la chaleur du milieu ambiant. Si nous étions de la taille des bactéries, nous pourrions à ce moment fixer au niveau ainsi atteint la poussière que nous n’aurions pas eu la peine d’élever et, par exemple nous bâtir une maison sans avoir à payer l’élévation des matériaux.

Mais, plus la particule à soulever est grosse, et plus il est rare que les hasards de l’agitation moléculaire la soulèvent d’une hauteur donnée. Imaginons une brique de 1 kilogramme suspendue en l’air par une corde. Elle doit avoir un mouvement brownien, à la vérité extraordinairement faible. En fait, nous serons bientôt en état de trouver le temps qu’il faut attendre pour que l’on ait pendant ce temps une chance sur deux de voir la brique se soulever par mouvement brownien à la hauteur d’un second étage. Nous trouverons un temps[1] auprès duquel la durée des périodes géologiques et peut-être de notre univers stellaire est tout à fait négligeable. C’est assez dire, comme le bon sens l’indique, qu’il ne serait pas prudent de compter sur le mouvement brownien pour élever les briques qui doivent servir à construire une maison. Ainsi l’importance pratique du principe de Carnot, à notre échelle de grandeur et de durée, ne se trouve pas atteinte ;

  1. Bien supérieur à la durée inimaginable de 101010 années.
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