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THÉORIE D’EINSTEIN

sonnements, l’analyse seulement approchée, mais très suggestive, que M. Smoluchowski a donnée dans le même but[1].

Einstein et Smoluchowski ont caractérisé de la même façon l’activité du mouvement brownien. Jusqu’alors on s’était efforcé de définir une « vitesse moyenne d’agitation » en suivant aussi exactement que possible le trajet d’un grain. Les évaluations ainsi obtenues étaient toujours de quelques microns par seconde pour des grains de l’ordre du micron[2].

Mais de telles évaluations sont grossièrement fausses. Les enchevêtrements de la trajectoire sont si nombreux et si rapides, qu’il est impossible de les suivre et que la trajectoire notée est infiniment plus simple et plus courte que la trajectoire réelle. De même, la vitesse moyenne apparente d’un grain pendant un temps donné varie follement en grandeur et en direction sans tendre vers une limite quand le temps de l’observation décroît, comme on le voit de façon simple, en notant les positions d’un grain à la chambre claire de minute en minute, puis, par exemple, de 5 en 5 secondes, et mieux encore en les photographiant de vingtième en vingtième de seconde, comme ont fait MM. Victor Henri, Comandon ou de Broglie, pour cinématographier le mouvement. On ne peut non plus fixer une tangente, même de façon approchée, à aucun point de la trajectoire, et c’est un cas où il est vraiment

  1. Bulletin de l’Acad. des Sc. de Cracovie, juillet 1896, p. 577
  2. Ce qui, incidemment, assignerait aux grains une énergie cinétique 100 000 fois trop faible.
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