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L’ATOME D’ÉLECTRICITÉ

qu’une décharge électrique traverse un gaz raréfié, la cathode émet des rayons qui marquent leur trajectoire par une faible luminosité du gaz résiduel, excitent de belles fluorescences sur les parois de verre où ils s’arrêtent, et sont déviés par les aimants. Si, en particulier, ils sont lancés à angle droit d’un champ magnétique uniforme, leur trajectoire est circulaire et perpendiculaire au champ.

Dès 1886, Sir W. Crookes a supposé que ces rayons cathodiques sont décrits par des projectiles électrisés négativement, issus de la cathode, et qui repoussés par elle, ont acquis une vitesse énorme. Mais il ne put, non plus que Hertz, prouver cette électrisation, et une théorie d’ondulations fut quelque temps en faveur, quand Hertz eut découvert que ces rayons traversent des pellicules de quelques microns d’épaisseur, et quand Lenard eut montré qu’on pouvait les laisser sortir du tube où se produit la décharge, au travers d’une feuille métallique encore assez forte pour tenir la pression atmosphérique. (On pouvait dès lors les étudier dans l’atmosphère, où ils se diffusent et s’arrêtent après quelques centimètres de parcours.)

On est pourtant décidément revenu à la théorie d’émission imaginée par Crookes, quand il a été prouvé[1] que réellement les rayons cathodiques charrient toujours avec eux de l’électricité néga-

  1. Jean Perrin (Comptes Rendus, 1895 et Ann. de Ch. et Phys., 1897). J’ai montré que ces rayons introduisent avec eux de l’électricité négative dans une enceinte métallique complètement close, et que de plus ils sont déviés par un champ électrique.
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