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GENÈSE ET DESTRUCTION D’ATOMES

tion de chaînes latérales[1]. En d’autres termes, un même atome peut subir, suivant les hasards intérieurs, telle ou telle transmutation. On conçoit que si, dans le même temps, un atome d’ionium avait 9 chances sur 10 de subir le bouleversement qui donne l’uranium X et 1 chance sur 10 d’en subir un autre qui donnerait l’actinium, toute masse notable d’ionium se transformerait pour les 9/10 en radium et pour 1/10 en actinium.

On voit que l’hélium (sans doute à noyau très stable) est un produit fréquent de la désintégration atomique. Cela explique peut-être pourquoi plusieurs différences entre poids atomiques (lithium et bore, carbone et oxygène, fluor et sodium, etc.) sont juste égales au poids atomique 4 de l’hélium.

Mais je ne peux croire que l’hélium soit un élément singulier. D’autres chaînes de transmutations donneront des différences plus faibles. D’autre part, dès maintenant, je présume que tel élément radioactif, classé comme n’émettant que des rayons β ou γ, pourrait fort bien projeter des atomes plus lourds que celui d’hélium, et d’espèce commune, de cuivre par exemple, sans que nous en soyons avertis, cela pour des raisons que nous comprendrons bientôt[2].

  1. Une telle chaîne part du radium C (Fajans, et Hahn).
  2. En particulier, à cause de Ra B, Ra D, Ra E, qui n’émettent pas d’hélium, je regarde comme possible que le corps simple issu du polonium, ait un poids atomique inférieur à 140. On admet souvent que c’est du plomb, dont le poids atomique 207 s’obtient en retranchant de celui du radium 5 fois celui de l’hélium (il y a 5 émissions d’hélium du radium au polonium) et qui est présent dans les minerais de radium. Cela peut être, mais la vérification est indispensable. Remarque analogue pour le thorium D ou l’actinium C.
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