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TRANSMUTATIONS

112. — Cosmogonie. — Dans tous les cas, ce sont des atomes légers qui sont ainsi obtenus, par désintégration des atomes lourds. Si le phénomène inverse est possible, si les atomes lourds se régénèrent, ce doit être au centre des astres, où la température et la pression devenues colossales favorisent la pénétration réciproque des noyaux atomiques en même temps que l’absorption d’énergie[1].

Je vois une forte présomption en faveur de cette hypothèse dans la valeur élevée que les analyses donnent pour la radioactivité moyenne de la croûte terrestre. Si les atomes radioactifs sont aussi abondants jusqu’au centre, la Terre serait plus de 100 fois plus radioactive qu’il ne suffit pour expliquer la conservation du feu central. On a supposé alors que ces atomes ne sont présents que dans les couches superficielles. Cela me paraît déraisonnable, car bien au contraire les atomes radioactifs, très lourds, doivent s’accumuler énormément au centre. On est donc forcé de croire à un échauffement très rapide de la Terre si on n’admet pas dans les couches profondes une formation fortement endothermique d’atomes lourds.

De lentes convections amèneraient des atomes lourds près de la surface où ils se désintégreraient ; la chaleur alors rayonnée, et l’évaporation de l’astre (rayons positifs, corpuscules, fines poussières chassées par la lumière et lumière elle-même) peuvent être longtemps compensées en

  1. Cette hypothèse, que Mme Curie a faite en même temps que moi, est sans doute venue à l’esprit de plusieurs physiciens.
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