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GENÈSE ET DESTRUCTION D’ATOMES

d’arrivée de l’un de ces projectiles, et donnait, pour la première fois, la perception individuelle de l’effet dû à un seul atome. De même, sans voir un obus, on peut voir l’incendie qu’il allume dans l’obstacle qui l’arrête[1].

D’autre part, Rutherford avait mesuré, au cylindre de Faraday, la charge positive rayonnée par seconde sous forme de rayons α par une masse donnée de polonium, et (par une mesure de conductibilité de gaz) avait déterminé les charges positive et négative et que libèrent, par ionisation des atomes traversés, ces mêmes rayons quand ils s’arrêtent dans l’air. Il avait ainsi trouvé que les charges libérées valent à peu près 100 000 fois (94 000 fois) la charge des projectiles.

Combinant les deux procédés, Regener a déterminé de façon nouvelle les grandeurs moléculaires. Il comptait une à une les scintillations produites dans un angle donné par une préparation donnée de polonium et en déduisait le nombre total de projectiles α émis en une seconde par cette préparation (en fait 1 800). Il trouvait d’autre part que, en une seconde, ces projectiles libéraient dans l’air 0,136 unités électrostatiques de chaque signe. Cela faisait donc pour chaque projectile α la charge 0,136/1 800·94 000 soit 8·10-10, Puisque le projectile α porte deux

  1. C. T. R. Wilson a récemment rendu visible, non seulement le point d’arrivée mais la trajectoire de chaque projectile, dans de l’air humide : une détente condense des gouttelettes d’eau sur les ions formés par le projectile et l’on voit à l’œil nu les trajectoires ainsi soulignées.
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