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L’HYPOTHÈSE D’AVOGADRO

Pourtant l’on ne peut attribuer au hasard les coïncidences si nombreuses signalées par Dulong et Petit (puis par Regnault) et l’on doit seulement modifier leur énoncé, lui donnant, je pense, la forme suivante, qui tient compte des mesures récentes :

La quantité de chaleur nécessaire pour élever de 1°, à volume constant[1], la température d’une masse solide, pratiquement nulle aux très basses températures, grandit quand la température s’élève, et finit par devenir à peu près constante[2]. Elle est alors de 6 calories environ par atome-gramme de n’importe quelle sorte présent dans la masse solide.

Cette limite est atteinte plus rapidement pour les éléments dont le poids atomique est élevé : par exemple, elle est à peu près atteinte pour le plomb (Pb = 207) dès la température de −200° et ne l’est pour le carbone (C = 12) qu’au-dessus de 900°.

J’insiste sur le fait que les corps composés vérifient la loi. C’est le cas dès la température ordinaire pour les fluorures, chlorures, bromures,

  1. Du nombre brut, donné par l’expérience pour la chaleur spécifique, il convient en effet de retirer comme fait Nernst, la chaleur qu’on retrouve sous forme de travail accompli contre les forces de cohésion et que l’on calcule aisément quand on connait la compressibilité. Éventuellement (travaux de Pierre Weiss sur les corps ferromagnétiques) il faudrait aussi en retirer celle qui sert à détruire l’aimantation spontanée du corps. Pour avoir des résultats de forme simple il faut envisager seulement, dans la chaleur absorbée, celle qui paraît servir à accroître les énergies potentielles et cinétique des divers atomes, maintenus à distances moyennes invariables.
  2. Bien entendu, si le corps fond ou se volatilise, il échappe à la vérification.
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