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LES ÉGAREMENTS

L’événement ne fit cependant aucune émeute dans le quartier. On ne lui voulut pas donner le temps d’écrire seulement un mot de lettre, et dès le lendemain on le conduisit à Paris. Je ne fus pas plutôt instruite de la catastrophe par Rose, ma femme de chambre, qui était pour lors seule au logis, que je me fis mener chez le chevalier, où ma folle impatience eut pleine carrière. Les portes étaient fermées, la maison seule : il n’était pas possible d’attendre ; il fallut retourner chez la personne d’où j’étais sortie. Ne sachant que faire pour exposer mon embarras, je feignis d’être extrêmement incommodée, ce qui devint un honnête prétexte pour accepter un lit ; car je ne pouvais me déterminer à retourner à notre appartement. Le lendemain matin mon premier soin fut de retourner aux Chartrons pour y chercher mon cher chevalier : mais quel coup de foudre ! Les voisins m’assurèrent qu’il avait pris la poste la veille, et qu’on ne pouvait m’en donner de nouvelles. Quelle situation ! on ne meurt point de douleur sans doute, puisque je n’expirai pas sur-le-champ. Mes yeux s’ouvrirent, mais trop tard ; je vis bien que l’ingratitude et la perfidie du Chevalier à mon égard vengeait à l’instant même sieur Valérie de mon peu de reconnaissance. Quels justes reproches n’eus-je point à me faire ! toute la bassesse de