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DE JULIE


main il me confirma amplement dans mon idée : je vis arriver, sur les dix heures du matin, un porte-faix, suivi d’un domestique, qui me rendit un ballot à mon adresse. Me doutant de ce que ce pouvait être, je me gardai bien de l’ouvrir : M. Démery s’étant rendu chez moi sur les deux heures après midi, je jouai la surprise, les scrupules mêmes, et lui signifiai qu’ignorant encore le contenu de son envoi, je ne me résoudrais jamais à l’accepter. Les instances réitérées lui furent d’une heureuse ressource pour s’expliquer sur sa façon de penser : il me pria, me sollicita tant que je me vis contrainte d’accepter ce qu’il m’avait envoyé. Je n’y eus pas plutôt consenti, que me fermant la bouche sur les remerciements que je voulais lui faire, il se retira, s’avouant trop satisfait d’avoir frustré quelqu’un du plaisir de m’obliger. À peine fut-il sorti que j’envoyai chercher la Valcourt pour être témoin de l’heureux effet de ses soins. Elle arriva : nous coupâmes la toile pour avoir plus tôt fait, et nous y trouvâmes deux pièces d’une magnifique étoffe, et six mille francs en or. Je ne pouvais revenir de ma surprise ; pour la Valcourt elle ne s’étonnait point, la générosité de M. Démery lui était connue pour égaler ses richesses immenses ; elle me dit même que ce n’était là qu’une