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DE JULIE


tages dans mes moindres mouvements : il en profite, tout est à lui. Qu’il faut peu de temps à la volupté pour triompher de la confusion ! Son ardeur me fit bientôt oublier l’état dans lequel il m’avait surprise, je ne songeai plus qu’à en profiter : il venait de découvrir ma faiblesse ; que n’avait-il point vu ! que n’avait-il point entendu ! Le parti le plus simple et l’unique qui me restait, était celui de me rendre aux circonstances. Ma main, dont, pour la forme, je me cachais les yeux, ne m’avait pas empêchée de remarquer qu’il était dans un état imposant, auquel il fallait tôt ou tard me rendre. Quelle contenance ! il me reprend entre ses bras, me porte sur un lit de repos : je n’évite plus ses baisers, il s’en aperçoit, il les redouble ; j’y réponds, bientôt il triomphe, et me fait enfin goûter ces douceurs où l’âme semble si bien partager le désordre des sens.

Après avoir satisfait cette première avidité du plaisir, je voulus savoir de Derval par quel événement il s’était trouvé là. Il balança quelque temps, biaisa, voulut me donner à deviner ; mais pouvais-je imaginer ? Des domestiques gagnés, un coup d’étourdi ? Ce n’était rien moins que tout cela. Rose, qui nous en avait entendu faire l’éloge, à la Valcourt et à moi, s’était avisée de le remarquer, et en conséquence