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LES ÉGAREMENTS


de le trouver à son goût ; elle n’avait pas jugé à propos de lui cacher longtemps son inclination, et connaissant par expérience que pour éviter la tentation le moyen le plus sûr était d’y succomber, elle avait pris de justes mesures pour n’avoir rien à désirer. Derval de son côté avait saisi l’occasion : outre que Rose était d’une assez jolie figure, il avait avec raison conçu quelque espérance d’une intrigue qui lui donnait accès dans ma maison ; car il avait autant pris de goût pour moi que je lui en avais inspiré. Il s était assujetti à des assiduités et des complaisances pour Rose, et c’était raisonner juste ; il sentait bien qu’un homme peut imposer les conditions les plus dures à une femme, quand une fois il l’a réduite à la nécessité de ne pouvoir se passer de lui. Elle l’avait introduit cette nuit, et avait choisi le cabinet du bain pour y être sans doute mieux fêtée : effectivement, ce réduit voluptueux semblait-il tout exprès arrangé pour faire avantage à la nature ; oui, les forces s’y surpassaient.

On se souvient bien de la situation dans laquelle m’avait laissée M. Démery ; c’était dans cette crise que j’avais sonné ma femme de chambre, qui n’avait eu que le temps de fermer la porte sur Derval, ne s’imaginant pas que je dusse venir prendre sa place. L’ordre