Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
DE JULIE


mon bonheur et ma tranquillité. M. Démery s’en croyait seul l’auteur, il se rapportait à lui-même cette gaieté continuelle, comme un effet des douceurs qu’il me procurait ; on se persuade aisément ce qui flatte l’amour-propre : mes soins, mes caresses, mes complaisances, tout en moi lui marquait un cœur sincèrement épris, auquel il se livrait sans réserve.

Je vois qu’on fulmine contre moi : quelle noirceur, dit-on ! quelle perfidie ! voilà les femmes ! On s’exhale en injures contre tout le sexe. Voilà le discours ordinaire des gens qui ne voient les choses que d’un côté. Étrange simplicité ! Revenez de votre erreur, aveugles que vous êtes, faites à la raison le sacrifice de vos préjugés, et ne confondez pas la chose avec le mot. Il était question de rendre heureux M. Démery, voilà le but ; ce qui ne consistait que dans son imagination : cet objet rempli, qu’a-t-on à me reprocher de l’irrégularité de ma conduite ? Je dis plus, son bonheur, son bien-être dépendaient de mon infidélité, puisque c’est à cette même infidélité que je devais cet enjouement qui ne me quittait point, et qui faisait tout son bonheur. Il en était d’autant plus flatté, qu’il tirait de ma gaieté les conséquences les plus satisfaisantes. Mon commerce avec Derval, entièrement ignoré, n’avait rien qui pût l’inquiéter ; il