Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LES ÉGAREMENTS


croyait enfin me rendre lui seul telle qu’il me désirait. Supposant au contraire que j’eusse combattu mon penchant pour remplir les prétendus devoirs de la fidélité, je n’aurais pu vraisemblablement résister à un ennui, une mélancolie qui auraient bientôt excité des soupçons que les protestations les plus vives n’auraient pu détruire. Ce principe posé, je conclus que la fidélité n’est qu’une vertu inutile ; qu’elle cesse même d’être vertu, quand, loin de nous rendre heureux, elle altère notre bonheur. Ce qu’on appelle bien comme ce qu’on appelle mal, cesse souvent d’être, l’un ou l’autre, ce qu’il nous paraît dans le premier point de vue. Les effets résultants d’une action devraient seuls la caractériser : que de preuves convaincantes de ce que je viens d’avancer ! M. Démery n’eut jamais d’aussi beaux jours avec moi que ceux que je passai avec Derval. Le moment de notre séparation vit bientôt naître ses inquiétudes. L’Opéra ayant pris des arrangements pour Toulouse, il fallut me résoudre à l’éloignement de mon amant ; rien ne put l’arrêter, il eut assez de force pour refuser les offres que je lui fis de le retenir. Que je payai cher l’habitude que je m’étais faite de ne pouvoir me passer de lui ! Après m’avoir témoigné les plus sensibles regrets, et réitéré les assurances d’un prompt retour, il partit et