point mon cœur. Une autre plus pénétrante que
celle-ci ne put me répondre positivement, mais
me mit à portée de m’éclaircir par l’histoire
qu’elle me fît de sa sœur aînée et d’un jeune
homme que dès lors j’eus grande envie de connaître :
je n’épargnai rien pour y réussir ; mais
je m’aperçus bientôt qu’il n’était point cet amour
qu’on me faisait chanter ; ce n’était qu’un de ses
sacrificateurs ; nouvel embarras. Je n’abandonnai
point mes recherches, et résolue de les épier,
je ne différai que jusqu’au lendemain, où, sans
être aperçue, j’entendis une conversation que je
trouvai entièrement ressemblante à mes chansons :
j’eus beau regarder, je ne vis que deux
personnes ; je n’entrevoyais point l’Amour, au
sujet duquel je m’étais figuré une existence aussi
palpable que sensible. Cependant l’entretien
des jeunes gens s’animait furieusement ; je redoublai
mon attention pour ne rien perdre de ce
qui se passait. Le progrès de leur conversation
conduisait ma curiosité d’une action à une
autre ; mes yeux dévoraient : le nom d’amant,
que j’entendis si souvent répéter, me parut si
joli, que je conçus dès l’instant la nécessité de
m’en choisir un. Que de baisers ! j’étais enchantée
de l’union et du parfait accord dont ils
étaient dans leurs gestes et dans leurs discours.
Un air de satisfaction, une ardeur délicieuse,
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DE JULIE