ouï dire dans la journée. Vépry ne rentra que
fort tard ; je trouvai que c’était bouder un peu
longtemps, je lui fis sentir qu’il était fort mal
conseillé, et que son train de vie commençait
à me lasser. Le petit air avantageux dont il
reçut mon compliment me fit soupçonner certaines
choses dont je ne tardai pas à m’éclaircir.
Je pris le lendemain de justes mesures pour
éclairer sa conduite : je sus le soir qu’il avait
passé la journée chez la Beauval, et j’appris que,
depuis l’emprisonnement de son frère, il ne
l’avait pas quittée d’un instant. Tant d’assiduité
me devint suspect ; je me rappelai nombre de
circonstances qui m’ouvrirent les yeux sur mon
malheur. M. Morand et madame Renaudé m’en
découvrirent bientôt plus que je n’en aurais
voulu savoir. Je ne doutai plus enfin de l’infidélité
de Vépry. Quels effets ne produit point
en nous la jalousie ! La grande tranquillité dans
laquelle nous avions vécu depuis Bordeaux
avait émoussé le plaisir de nous aimer : point
de gêne, point de mystère, notre passion avait
passé de la trop grande sécurité à la langueur,
et notre commerce ne ressemblait plus qu’à une
union légitime, affadie par le trop de facilité.
D’amants vifs et passionnés nous étions devenus
paisibles époux. Possesseur d’un bien, on en
ignore toujours le prix : mon amant à Marseille
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LES ÉGAREMENTS